- EAN13
- 9782913761377
- ISBN
- 978-2-913761-37-7
- Éditeur
- Presses Universitaires du Septentrion
- Date de publication
- 19/06/2008
- Collection
- <em>Revue des Sciences Humaines</em>
- Nombre de pages
- 246
- Dimensions
- 24 x 16 x 3,6 cm
- Poids
- 455 g
- Langue
- français
- Code dewey
- 800
- Fiches UNIMARC
- S'identifier
Revue des Sciences Humaines, n°290/avril - juin 2008
Les vies parallèles d'Alexandre Dumas
PU Septentrion
Presses Universitaires du Septentrion
<em>Revue des Sciences Humaines</em>
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Il y a pléthore, ou alors embonpoint. Visions succédanées, ou alors
successives. Des substituts font la chaîne. Mille et quelques personnages,
célèbres ou piètres, fantômes assurément tous, des héros grosse pointure,
d'Artagnan, Monte-Cristo, Salvador, des bêtes d'appui, chiens, lièvres,
fourmis, rhinocéros, singes, toute une peuplade de figurants, « historiques »,
« biographiques », mais pourtant interchangeables en ce qu'ils... agissent,
dispensent et croisent, sur toujours les mêmes schèmes, l'aventure, la
performance, l'incroyable « coup » du sort. Emballement du récit. Un trait en
dissimule un autre. Tout et tous se pressent au portillon de la demande. La
donne. La collection. Le décalque. Les multiples visages de l'Un. Monnayage,
démultiplication. La reproduction infinie de l'être qui écrit. Une filiation
ininterrompue du moi, de moi, de l'ensemble des circonstances qui l'ont vu
naître à celles qui l'ont vu s'échapper par derrière. Alexandre, tous, de père
en fils, y compris le serviteur, l'intendant et la bête, à partir du grand
capitaine, le grand-père, celui qui est allé planter le sucre aux Antilles:
blanc tu pars, noir tu reviens! Dumas gigogne: tous les offices - amant, père
et fils, cuisinier, dramaturge, conférencier, conteur, journaliste, député,
propriétaire, copieur et voyageur dans tous les pays possibles à la fois. Mais
écrivain de toutes ses mains. Dumas, l'homme simultané. Vingt-quatre heures
sur vingt-quatre, comme il dit. Le nègre de ses « nègres » a voulu faire main
basse sur toute l'Histoire de France et d'ailleurs. Il sillonne le Caucase,
les terres d'Astrakan, les bords du Rhin, Naples, Mannheim et la Suisse et
Paris, d'autrefois à aujourd'hui, à cette fin principale. Tous les personnages
« historiques » de ses livres sont l'émanation du moi biographique. Le «
Dictionnaire Dumas » d'Hamel et Méthé démontre au moins, malgré qu'il en ait,
cela. Abondance des « Mémoires » signés Alexandre, qui tous débordent de leur
cadre - c'est ce que je lis qui me dévore, la matière échappe à la matière -,
mais ne dépassent pourtant pas la moitié de sa vie, car grande est aussi sa
réserve. Sur les murs du cabinet de travail, au château d'If, impossible
prison, de l'autre côté de l'étang, dans le parc de Monte-Cristo, qu'il fit
construire à Marly, chaque moellon porte le nom gravé des principaux héros de
l'oeuvre. J'écris au-dedans de mon oeuvre. Je suis l'écriture de chacune de
mes parties. Leur nom est l'indice pluriel de ce moi que je multiplie. Dumas
compulsif, abondant. De cette oeuvre intempérée, figuratrice de qui lui donna
vie, dissipatrice et dissimulatrice, nous entendons explorer, ici, le jeu.
successives. Des substituts font la chaîne. Mille et quelques personnages,
célèbres ou piètres, fantômes assurément tous, des héros grosse pointure,
d'Artagnan, Monte-Cristo, Salvador, des bêtes d'appui, chiens, lièvres,
fourmis, rhinocéros, singes, toute une peuplade de figurants, « historiques »,
« biographiques », mais pourtant interchangeables en ce qu'ils... agissent,
dispensent et croisent, sur toujours les mêmes schèmes, l'aventure, la
performance, l'incroyable « coup » du sort. Emballement du récit. Un trait en
dissimule un autre. Tout et tous se pressent au portillon de la demande. La
donne. La collection. Le décalque. Les multiples visages de l'Un. Monnayage,
démultiplication. La reproduction infinie de l'être qui écrit. Une filiation
ininterrompue du moi, de moi, de l'ensemble des circonstances qui l'ont vu
naître à celles qui l'ont vu s'échapper par derrière. Alexandre, tous, de père
en fils, y compris le serviteur, l'intendant et la bête, à partir du grand
capitaine, le grand-père, celui qui est allé planter le sucre aux Antilles:
blanc tu pars, noir tu reviens! Dumas gigogne: tous les offices - amant, père
et fils, cuisinier, dramaturge, conférencier, conteur, journaliste, député,
propriétaire, copieur et voyageur dans tous les pays possibles à la fois. Mais
écrivain de toutes ses mains. Dumas, l'homme simultané. Vingt-quatre heures
sur vingt-quatre, comme il dit. Le nègre de ses « nègres » a voulu faire main
basse sur toute l'Histoire de France et d'ailleurs. Il sillonne le Caucase,
les terres d'Astrakan, les bords du Rhin, Naples, Mannheim et la Suisse et
Paris, d'autrefois à aujourd'hui, à cette fin principale. Tous les personnages
« historiques » de ses livres sont l'émanation du moi biographique. Le «
Dictionnaire Dumas » d'Hamel et Méthé démontre au moins, malgré qu'il en ait,
cela. Abondance des « Mémoires » signés Alexandre, qui tous débordent de leur
cadre - c'est ce que je lis qui me dévore, la matière échappe à la matière -,
mais ne dépassent pourtant pas la moitié de sa vie, car grande est aussi sa
réserve. Sur les murs du cabinet de travail, au château d'If, impossible
prison, de l'autre côté de l'étang, dans le parc de Monte-Cristo, qu'il fit
construire à Marly, chaque moellon porte le nom gravé des principaux héros de
l'oeuvre. J'écris au-dedans de mon oeuvre. Je suis l'écriture de chacune de
mes parties. Leur nom est l'indice pluriel de ce moi que je multiplie. Dumas
compulsif, abondant. De cette oeuvre intempérée, figuratrice de qui lui donna
vie, dissipatrice et dissimulatrice, nous entendons explorer, ici, le jeu.
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