• Conseillé par
    16 novembre 2017

    Ce roman est en sélection pour le Prix du meilleur polar points.

    J'ai beaucoup entendu parler de la série avec l'inspecteur Chen, mais ne l'ai pas encore lue, c'est donc avec une certaine curiosité que j'ouvre ce livre, assistant en quelque sorte à la naissance d'un personnage récurrent que je pourrais bien retrouver sur mon chemin de lecteur. Plus qu'un roman, c'est une suite de nouvelles, qui se suivent certes, mais qui ne constituent pas un polar à proprement parler. Un peu comme si Qiu Xiaolong, avant de donner de l'épaisseur à son héros s'était essayé à le mettre en situation pour le tester. Parfois certains tests sont très concluants, comme celui-ci et donc les publier est une excellente idée.

    On sent que dans son personnage, le romancier a mis pas mal de lui et certains de ses amis et fréquentations se retrouvent aussi dans ses histoires ainsi qu'il le raconte lui même dans le dernier chapitre autobiographique. C'est une très belle découverte pour moi, associée à une salivation terrible lorsque Chen évoque les divers plats qu'il goûte, car la cuisine est très présente dans son roman. Ainsi que la Chine communiste qui commence sa métamorphose vers le capitalisme et le libéralisme. Et la poésie. Chen n'est pas un flic comme les autres, c'est sans doute pour cela qu'il plaît. Érudit, prenant le temps d'écouter tous le gens du plus petit au plus important, il mène son enquête tranquillement. C'est très bien fait, c'est beau et émouvant. Cela n'en fait pas pour autant mon favori pour le Prix, il y manque un petit quelque chose mais c'est une très belle découverte, et je retrouverais très volontiers l'inspecteur Chen dans ses aventures ultérieures.


  • Conseillé par
    23 octobre 2017

    Fraîchement diplômé de l'université de langues étrangères de Pékin, Chen Cao est affecté par l'Etat dans un commissariat de Shanghai. Amoureux de la langue anglaise et poète à ses heures, le jeune homme ne s'imaginait pas policier et d'ailleurs le commissariat n'a pas vraiment besoin d'un universitaire dans ses rangs. Sans expérience, sans réelles compétences, il est relégué dans la salle de lecture où on lui confie la traduction d'un manuel de procédures policières américain. Mais entre ses traductions et la lecture assidue de romans policiers, Chen s'intéresse à une affaire, celle d'un vieil homme assassiné à la sortie d'un restaurant. Pour faire la lumière sur ce crime, le policier novice s'introduit dans la cité de la poussière rouge. Là, les voisins lui racontent l'histoire du mort, une histoire qu'il connaît bien, celle d'un homme brisé par la révolution culturelle.
    On avait quitté Chen en mauvaise posture, visé par un complot mené par les plus hautes sphères du Parti. Son avenir au sein de la police reste encore incertain pour le lecteur car Xiaolong Qiu nous propose ici une préquelle à sa série de polars. On retrouve Chen Cao à différentes époques de sa vie, de l'enfant ostracisé car fils d'un ''monstre noir'' au jeune diplômé devenu policier malgré lui. Sous forme de nouvelles, l'auteur dessine les grands traits de son personnage fétiche, son enfance marquée par la révolution culturelle, sa rencontre avec Ling, fille d'un haut dignitaire, ses escapades gourmandes dans Shanghai, son intérêt croissant pour une profession qu'il n'a pas choisi. On en apprend plus sur l'inspecteur et, à travers lui, sur Qiu lui-même qui en préambule et en conclusion, se raconte et dévoile tout ce qu'il a mis de lui dans Chen.

    Des parcours identiques, une famille jugée ennemie du régime, le même amour de la poésie, un goût prononcé pour la cuisine chinoise. Mais quand Chen reste en Chine et parvient à se faire une place dans la société, Qiu s'installe aux Etats-Unis (suite aux évènements de Tiananmen) et laisse derrière lui son ami Fu, le ''chinois d'outre-mer'' de ses romans.
    Mélange de fiction et d'autobiographie, ces nouvelles au ton doux-amer, dénoncent, comme à chaque fois, les dérives de Mao, la brutalité de la révolution culturelle, les décisions arbitraires d'un Parti omnipotent.
    Une intéressante incursion dans le passé, à réserver peut-être aux fans de l'inspecteur Chen.