En ce lieu enchanté

Rene Denfeld

Fleuve Editions

  • Conseillé par
    11 juin 2016

    De la poésie pour dire la prison, la peine de mort, les horreurs perpétrées par les détenus de haute sécurité, les viols en particulier. Une écriture musicale pour raconter les atrocités du monde carcéral. Et des chevaux d'or, puissants et galopants, métaphore de la liberté en ce lieu enchanté.
    Un roman âpre et dur dont le trouble et les questionnements nous accablent, dont une dame et un prêtre déchu scellent les dernières pages sur le mot amour.
    Tout est possible dans le donjon : le mal règne, la mort rôde, les âmes s'envolent.
    gracedubois


  • Conseillé par
    18 novembre 2014

    Derrière ce titre doucereux il y a la prison et plus exactement le couloir de la mort. Le narrateur séjourne depuis longtemps dans ce qu'il appelle le "donjon". Il ne parle pas mais il observe ses compagnons du couloir, écoute les bruits du bâtiment. Il s'évade de l'univers carcéral grâce aux livres et s'est créé un monde à part, un univers enchanté où réalité et fantastique ne font qu'un.

    Le seul lien pour ces hommes avec le monde extérieur est la venue de la "dame". Elle travaille pour un cabinet d'avocats. Elle doit enquêter et trouver des éléments pour qu'un condamné à mort voie sa peine de mort transformée en condamnation à perpétuité. Elle plonge dans le passé des détenus, remonte à l'enfance, cherche ce qui a pu se produire pour qu'un homme commette un ou des actes impensables mais sans à chercher à les excuser. Cette fois elle vient pour "sauver" York mais ce dernier refuse, il veut mourir. Elle croise souvent le directeur de la prison et le prêtre, un homme d'église déchu. Le narrateur nous décrit la violence : les caïds qui règnent en maître, les agressions, les trafics, des gardiens malhonnêtes sans que l'on sache pourquoi il est incarcéré.

    L'écriture de Rene Denfeld est tout simplement superbe. La noirceur est contrebalancée par la poésie, l'humanité surgit entre ces murs et ce roman est un livre à part ! Troublant et très marquant, ce livre qui bouscule possède une vraie beauté...


  • Conseillé par
    15 septembre 2014

    Dans le couloir de la mort

    Ce roman est un joyau. Il en a l’éclat, toute la dureté aussi. Car si « En ce lieu enchanté » débute comme un conte avec des chevaux d’or caracolant dans les profondeurs de la Terre, des grisegoules gesticulant, une chambre des lianes, il se déroule en fait dans le couloir de la mort d’une prison américaine.

    Seul le narrateur semble en percevoir la mystérieuse beauté. Lui aussi attend son exécution. Depuis son crime, il ne prononce plus aucune parole. Qu’a-t-il commis ? La révélation ne sera dévoilée qu’à la dernière page.  Reclus dans sa cellule du « donjon », l’homme écoute, regarde et accompagne le lecteur dans cette étrange déambulation de l’univers carcéral.  S’y croisent les gardiens, les prisonniers et parmi eux les caïds, la lumineuse « dame », enquêtrice chargée de la révision des dossiers des détenus, le prêtre « déchu » et le directeur. Et parmi ceux qui attendent leur dernière heure, il y a Stricker, York et Arden, celui dont le simple nom provoque l’effroi, « le monstre de la prison ».

    Qu’ils se trouvent d’un côté ou de l’autre des barreaux, les protagonistes ont tous leur part d’ombre et de grandeur, tous ont connu des abus, des morts, des viols. L’existence n’en a épargné aucun. Pourtant, de ces drames éclot parfois une grâce, car la déchéance n’est pas inéluctable, l’espérance habite les âmes, même les plus noires.

    Dans ce premier roman éblouissant, Rene Denfeld offre un regard singulier sur la prison et ceux qui s’y côtoient. Pas d’empathie pour ces condamnés, aucun plaidoyer non plus pour l’abolition de la peine capitale, l’auteur s’abstient de tout jugement. Inspirée par son travail d’enquête sur les établissements pénitentiaires, la journaliste raconte juste la violence qui broie les êtres, la souffrance qui asphyxie, le mal tapi à l’intérieur de chacun mais aussi la lumière qui irradie et peut sauver. Un souffle d’une rare intensité, une humanité sans faille baignent ces pages servies par une plume poétique.

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