Rosalie R.

Conseillé par (Libraire)
4 octobre 2017

"Hillbilly élégie" est le roman autobiographique d'un "petit blanc" des Appalaches, le portrait âcre de l'Amérique pauvre du Nord Est du pays, rongée par le marasme économique et social.
En revenant sur l'histoire de la famille dont il est issu, J.D. Vance donne la parole aux laissés-pour-compte du rêve américain dont le quotidien est toujours menacé par la drogue, le chômage, la violence conjugale et les difficultés domestiques.
Héritier d'une humanité en friche, l'auteur soumet un portrait grinçant, sans concession d'une Amérique méconnue, méprisée et souvent caricaturée. Il s'interroge dès lors sur la possibilité pour un enfant qui a grandi dans l'Ohio d'échapper à la misère et à l'inculture qui gangrènent les familles d'ouvriers pauvres, de s'extraire de la spirale infernale qui se transmet de générations en générations et vous happe inexorablement pour vous projeter dans un avenir sans issue.
De manière plus universelle, le roman interroge sur la part de nos vies que nous devons mettre au crédit des décisions personnelles, et quelle autre revient à la culture qui a forgé nos libertés.
Un roman témoignage très touchant et surtout nécessaire, qui oscille avec pudeur entre tendresse et colère, fatalisme et soumission, reconnaissance et révolte.
A découvrir

19,50
Conseillé par (Libraire)
26 septembre 2017

Ovni

"L’ennui, c’est de la gestion. Ça se construit. Ça se stimule. Il faut un certain sens de la mesure. On a trouvé la parade, on s’amuse à se faire chier. On désamorce. Ça nous arrive d’être frustrés, mais l’essentiel pour nous c’est de rester à notre place. Parce que de là où on est on ne risque pas de tomber. ».
Ce qui fait toute la puissance phénoménale de ce roman est ici exprimé : faire surgir l'essence même de ce qu'est l'ennui, l'inaction, l'absence d'avenir, uniquement au travers du langage. Ici, pas d'histoires, pas de romanesque encore moins de sociologie, juste l'émergence passive d'une existence sans issue, un naufrage que les mots seuls peuvent effleurer. C'est le mot, la phrase , la langue toute entière qui fait sens et donne vie à ce groupe de gamins solitaires , sans cap, mais ensemble.
De ce néant qui prend corps au travers du langage surgit une humanité indescriptible d'une tendresse lancinante.
En plus c'est souvent tellement drôle, absurde et criant de vérité à la fois.
Un roman d'une audace folle; chapeau!

Christian Bourgois

22,00
Conseillé par (Libraire)
20 septembre 2017

Il serait vain de renoncer à s'attacher au personnage principal de ce roman qui n'est autre qu'un éléphant; mais pas un éléphant habituel, un nain, pas plus grand qu'un chihuahua, et rose luminescent de surcroît. Baptisé Sabou pour les uns, Barisha pour les autres, il est le fruit de la manipulation génétique menée par une équipe de savants fous. Né dans un cirque, il finit par atterrir dans le repère d'un scrupuleux sans abri (magnifique personnage), qui va tenter de soustraire du regard des curieux cette petite créature empreinte de grâce.
Ce roman au faux air de conte fantastique est un thriller palpitant, mais aussi une plongée sensible dans le monde des SDF, une interrogation profonde sur les limites de la génétique, une parabole philosophique sur le sens de la vie et enfin une émouvante histoire d'amour.
Martin Suter livre un texte extrêmement touchant, véritable ovni dans cette rentrée littéraire.
A découvrir en urgence

Conseillé par (Libraire)
14 septembre 2017

Mascarade

Amateurs de pavés américains, réjouissez-vous!
Le premier roman du virtuose Nathan Hill est une somme romanesque captivante, pleine de rebondissements, un puzzle merveilleusement ficelé d'une ambition folle.
D'une écriture haletante à vous couper le souffle, l'auteur nous transporte d'un tableau à l'autre faisant émerger des thèmes aussi variés que la relation mère-fils, l'amitié, la perte, la solitude, l'amour et la pornographie, mais aussi dénonçant avec causticité les travers de la société américaine, la politique, le monde des jeux vidéos et la malbouffe.
Oscillant entre humour et tragédie, ce roman complètement addictif est aussi une profonde réflexion sur l'identité et la conscience de soi.
Dix ans auront été nécessaires à l'écriture de cette oeuvre brillante à découvrir de toute urgence.

23,00
Conseillé par (Libraire)
6 septembre 2017

Sous la peau de l'ogre

Le récit de Renato Cisneros n'est nullement dicté par l'intention de faire le procès moral d'un homme à l'austérité implacable, et proche de ceux qui allaient devenir les plus grands tortionnaires latino- américains comme Videla et Pinochet.
Le propos très sensible de ce touchant roman est beaucoup plus intimiste et personnel. Il est dicté par un irrésistible besoin d'activer , par le questionnement , le malaise et l'hébétude occasionnés par le décès de cet homme "démesurément essentiel".
Son fils tente, par l'écriture, non pas d'accuser ou d'excuser mais d'explorer l'essence de l'inutile mythologie qui entoure son père, mythologie construite au cœur même de la vie et que la mort a anéantie.
Au delà bien sûr de l'intérêt historique que présente le roman, Renato Cisneros aborde avec une grande finesse la complexité du deuil et l'anéantissement identitaire qui peut advenir suite à la perte d'un être cher ,si déconcertant soit-il.
Un roman courageux d'une grande pudeur et d'une admirable honnêteté .