sandrine57

Lectrice compulsive d'une quarantaine d'années, mère au foyer.

Les Rougon-Macquart - 3

Le Livre de poche

6,70
Conseillé par
3 février 2013

Injustement accusé de meurtre pendant le coup d'Etat du 2 décembre et déporté au bagne de Cayenne, Florent s'évade et revient à Paris après sept longues années d'absence. Il y retrouve son demi-frère Quenu, marié à la gironde Lisa Macquart et propriétaire d'une magnifique charcuterie située juste en face des nouvelles halles. Le couple l'accueille chaleureusement mais il est mal à l'aise dans cette opulence, lui qui a connu la faim presque toute sa vie. Maigre parmi les gras, affamé parmi les repus, enragés parmi les satisfaits, Florent peine à trouver sa place. La belle Lisa le pousse à prendre une place d'inspecteur des marées pour la préfecture. Lui qui en veut à l'Empire, qui rêve de République, est contraint d'accepter cet emploi pour ne pas déplaire à sa belle-soeur. C'est ainsi qu'il arpente du matin au soir les allées des halles, au milieu des poissonnières, dont la belle Normande, rivale affichée de Lisa. L'abondance de nourriture dans ce temple de la consommation attise ses idéaux de justice et il s'embarque dans une conspiration politique qui sera sa perte.


Peut-on dire que ZOLA manque de délicatesse, qu'il force trop lourdement le trait, que son opposition entre les gras et les maigres finit par lasser? A-t-on le droit de dire qu'à force de lire des descriptions de montagnes de nourriture on se sent comme enseveli sous les navets, les carpes, les boudins?
Certaines scènes avec les poissonnières sont cocasses, les halles sont si bien rendues qu'on peut en sentir les odeurs, en voir les lumières, en admirer les structures, les intrigues qui se nouent autour de Florent apportent une intéressante tension mais l'ensemble demeure indigeste et la fin malheureusement prévisible.
Le ventre de Paris ne restera pas parmi mes préférés mais ne me décourage pas pour autant de continuer la série et je vais très vite partir à La conquête de Plassans.

1

Hinako Ashihara, Hinako Ashihara

Kana

7,10
Conseillé par
2 février 2013

Un manga profond et prenant qui mérite d'être suivi de près.

Elle n'avait que 19 ans et elle est morte. Haruka Origuchi n'a pas survécu à un cancer du sein. Réunis le jour de ses funérailles, ses camarades de lycée se rendent compte qu'ils savaient très peu de choses au sujet de cette fille solitaire et discrète. Aussi, quand sa mère, en larmes, demande à Mizuho de chercher le petit ami de sa fille, la jeune fille décide de mener son enquête. Avec Yanai et Narumi, deux garçons qui ont un peu côtoyé la défunte, elle se lance sur les traces de la très secrète Haruka, espérant en apprendre un peu plus sur cette trop courte vie, et pourquoi pas sur elle-même.


Un shôjô qui sort des sentiers battus. L'héroïne n'est pas une jeune fille romantique qui se morfond en attendant le prince charmant. Au contraire, Mizuho est plutôt froide, elle ne pleure jamais et ne s'embarrasse pas de sentiments. Pourtant, le décès de sa camarade va la toucher et lui faire se poser des questions sur les autres et sur elle-même. Connait-on vraiment ceux qui nous entourent? Peut-on changer? S'ouvrir aux autres?
Chaque existence est un puzzle dont il faut réunir chaque pièce pour comprendre et connaitre celui qui la vit, telle est la conclusion de Mizuho qui va tenter de reconstituer le puzzle de la mystérieuse Haruka.
Un manga profond et prenant qui mérite d'être suivi de près.

Conseillé par
30 janvier 2013

Née dans une riche famille, Gisèle Alain a quitté les siens pour s'établir comme logeuse dans une pension. Mais cette occupation ne suffit pas à canaliser son énergie débordante et elle décide d'ouvrir un bureau de services en tout genre. Désormais "femme à tout faire", selon ses propres termes, elle accueille ses premiers clients et se charge de tous leurs problèmes : retrouver un chat disparu, emmener une petite fille au jardin botanique, débusquer un petit orphelin qui empêche la construction d'une aire de loisirs, etc. Secondé par Eric, un locataire qui s'acquitte ainsi de ses loyers en retard, la jeune fille démêle les situations les plus inextricables avec entrain et bonne humeur.


Avant de passer aux hostilités, il faut souligner la qualité des dessins de Sui KASAI qui a vraiment le souci des détails et réussit parfaitement à nous emporter dans son univers victorien. Le trait est fin, très travaillé, les tenues sont somptueuses, les paysages et la ville bien rendus. Son héroïne est aussi un atout considérable, elle est fraîche, pimpante, pugnace et très mignonne, ce qui ne gâche rien.
Par contre, pour le reste, il n'y a pas grand chose à sauver. On s'immerge dans un grand bain de mièvrerie où tout est bien qui finit bien. La petite Gisèle, aussi attachante soit-elle, souffre d'un manque de vraisemblance. Trop jeune (ce n'est encore qu'une fillette), trop riche (puisqu'elle a coupé tout lien avec sa famille), elle peine à convaincre malgré d'indéniables qualités et l'intérêt qu'on peut porter aux raisons de sa fuite.
Et puis les histoires ont peu d'intérêt, elles sont niaises et trop vite expédiées. L'auteure voulait frotter son héroïne aux dures réalités du monde mais n'est pas allée jusqu'au bout de son idée et jette son voile rose bonbon sur les évènements les plus graves.
EN bref, c'est charmant mais sans consistance. Dommage!

Nouvelle Noire

Marc Villard

Invenit

12,00
Conseillé par
27 janvier 2013

A Paris, Myriam, une jeune malienne fait le tapin pour Hatem. Quand elle se découvre enceinte, elle décide de garder le bébé. Mais le souteneur ne veut pas en entendre parler. Il menace Myriam qui prend la fuite. Grâce à son amie Janis, elle trouve refuge dans un hôtel de Barbès et se met sous la protection d'Amine, un marabout africain qui lui offre une reproduction de Pazuzu, un démon protecteur des femmes enceintes.


Dans le cadre de leur collection Ekphrasis, les éditions Invenit propose à un écrivain d'imaginer un texte autour d'une oeuvre d'art. Pour cette courte nouvelle, Marc VILLARD s'est inspirée d'une statuette exposée au Louvre à Paris. Il s'agit d'une représentation de Pazuzu, créature démoniaque assyrienne datant du Ier millénaire avant J.C. Un corps d'homme recouvert d'écailles, une tête de dragon-serpent, une queue de scorpion et une paire d'ailes de rapace, tel est Pazuzu qui peut, selon les circonstances, attirer la maladie ou repousser les forces du mal. Pour Myriam, la prostituée qui veut se laisser une chance d'être mère, le Pazuzu saura intervenir de manière inattendue et bénéfique.
Marc VILLARD a brillamment relevé le défi et livre un récif vif et enlevé qui ballade le lecteur dans un quartier pittoresque de Paris où les marabouts savent tirer le meilleur partis des talismans et autres grigris.

Conseillé par
24 janvier 2013

"Quartier charogne, je disais quand on me demandait mon adresse.
Si vous avez un plan de Paris sous la main, vous trouverez les limites du quartier Charonne assez facilement : prenez la rue de Bagnolet au métro Alexandre-Dumas et remontez-la jusqu'à la porte de Bagnolet, continuez par le boulevard Davout jusqu'à la rue d'Avron, prenez-la jusqu'au métro Avron et remontez le boulevard de Charonne jusqu'à la rue de Bagnolet. Voilà, vous avez délimité le quartier Charonne."

C'est dans ce quartier que la famille Aurousseau s'installe à la fin des années 50. Ils ont quitté l'Ain et leur maison avec vue sur le Mont-Blanc pour un petit appartement de la rue des Maraîchers où les parents et les nombreux enfants s'entassent tant bien que mal.


C'est là que le petit Nan va grandir, découvrir la vie, les copains, les gitans, les bagarres, les premiers casses qui le mèneront en maison de correction et plus tard dans la grande délinquance. A la maison, le père boit pour oublier la guerre et il a l'alcool mauvais, la mère prend des coups. C'est donc dans la rue que Nan fait son apprentissage de la vie et découvre qu'en volant, en trafiquant, on s'enrichit plus vite qu'en travaillant.
C'est là aussi qu'il assiste au drame du métro Charonne le 8 février 1962 quand une manifestation contre la guerre d'Algérie est réprimée dans le sang par les forces de l'ordre. Un évènement qui peut expliquer aussi qu'il ait fini par sortir du droit chemin...Comment respecter les lois quand ceux qu'ils les font appliquer n'hésitent pas à user de la force contre le petit peuple. Policiers, huissiers, éducateurs sociaux, fonctionnaires en tout genre sont aux ordres d'un état policier contre lequel on proteste en bafouant les lois.

Dans un langage imagé typique du Paris des années 50 et 60, Nan AUROUSSEAU raconte son enfance pas toujours gaie dans un quartier populaire de la capitale. Il évoque une France disparue avec ses petits commerces, sa vie de quartier, la campagne encore très proche, la friche qui sépare Paris de sa banlieue, les camps de gitans qui entourent la ville, les vacances au bord de la Marne où l'on pêche et se baigne. Mais ce charme bucolique n'empêche pas la misère, le manque d'argent, la mère battue par le père. Pourtant, aucun misérabilisme dans le ton d'AUROUSSEAU. Il parle d'une époque, d'une vie et de certains choix sans chercher les larmes, la compassion ou le pardon du lecteur.
Un récit autobiographique parfois teinté de nostalgie mais qui est surtout l'histoire des premiers pas d'un homme qui très tôt a choisi un chemin tortueux pour fuir un contexte familial difficile, pour ne pas être un mouton, pour narguer les lois ou tout simplement pour avoir la vie facile...

Un grand merci à Caroline de la Librairie Dialogues pour cet envoi.