Ould Haram, l'enfant du péché
EAN13
9782755694758
Éditeur
Hugo Document
Date de publication
Langue
français
Fiches UNIMARC
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Ould Haram, l'enfant du péché

Hugo Document

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Jamil, s'angoissait, il allait rencontrer pour la première fois sa mère
Latifa, une grande bourgeoise marocaine, qui l'avait échangé à la naissance
contre sa tranquillité, lui l'enfant du pêché, et qu'il avait retrouvée et
piégée sur les réseaux sociaux, 20 ans après.

Il pensait avec tendresse à la bonne Khadija, dont il savait maintenant
qu'elle n'était que sa mère adoptive. Une maîtresse femme, la Mouille l'avait
élevé avec amour, dans cette banlieue française, selon les principes berbères
les plus rigoureux mais aussi les plus archaïques, en résistance au mode de
vie des « gwères ». Il s'agissait avant tout de ne pas donner prise au
persiflage des commères voisines, que ne manquerait pas de relayer, jusqu'au
bled, le téléphone arabe. Jusqu'ici, Khadija et son époux avaient réussi à
construire une réputation sans faille qui suscitait le respect du voisinage.

Pour Jamil et ses soeurs, tiraillés entre deux cultures qu'un gouffre sépare,
le difficile combat pour l'intégration s'amorçait. D'autant qu'à cinq ans, à
l'heure de ses premiers pas à l'école, Jamil ne parlait encore que le berbère
ancien.

A douze ans, il avait été troublé par le chaleureux sourire dugendarme
quinquagénaire qui l'avait pris sous son aile dans le camp disciplinaire où il
avait été envoyé. A quinze ans, en vacances au bled, il découvre l'amour
charnel avec un cousin éloigné, le bel Abdelkeb, le « toubib aux plantes », un
quadragénaire de la vallée de Zagora. Dans la cité son copain de classe, Abdou
le Gazou, le caïd et tombeur de filles aux yeux de gazelle le prend en
affection et devient son protecteur. Il lui avouera son amour. Hélas, Jamil
n'aime que les hommes en pleine maturité. Il en rencontre beaucoup, tous des «
gwères » cultivés et influents, dans la force de l'âge. Une inclination pour
les amours masculines qu'il est impossible d'avouer dans le contexte de la
cité. Et surtout pas à sa famille.

Latifa arriva très en retard dans le salon de thé. Elle, toisa l'intrus,
visiblement venu directement des cités françaises dont il portait l'uniforme.
Elle jeta un regard méprisant à la casquette posée sur la banquette et prit
place avec un sourire contraint. D'entrée, elle doucha ses espoirs : nous
appartenons à deux mondes différents. Tu n'es pas le bienvenu !

Jamil était dévasté. Deux mondes différents, certes. Il réalisa que l'un d'eux
était celui de la dissimulation, de l'hypocrisie, du renoncement de soi par
peur du regard des autres. Il n'en voulait plus.

Bientôt, il rencontrerait Bertram, l'homme de sa vie, son Pygmalion. Ensemble,
ils feront le voyage en Californie où naîtront leurs deux adorables bambins,
les enfants de l'amour.
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