Petites marches à retailler

La température a dû descendre fortement dans la matinée. La fine couche de neige ressemble à un sable à gros grains. J’ai envie de me promener avant de me remettre au travail, hésite à reprendre le trajet de la veille où je m’étais engagée si loin. À tout hasard, j’enfile deux paires de chaussettes l’un sur l’autre pour avoir chaud dans mes bottes. Les feuilles noires qui jonchent le sentier sont craquantes de gel. Une dentelle en noir et blanc a pris l’eau dans ses méandres. Le pas crisse, mi-feutre, mi-glace. Tout est différent d’hier. Un vent sec s’engouffre dans l’allée des aulnes, hulule et puis se calme. En bordure de pré, la plainte remonte un instant puis s’apaise à nouveau. Ce paysage de vallons s’anime et secoue sa torpeur pour s’allonger de nouveau au lit glaiseux de ses ornières. Une fine pellicule blanche recouvre l’allée. La marche sera plus agréable que celle d’hier, moins tragique. La sécheresse écluse mes visions trop noires. Un papillonnement d’images tournoie dans les branches des bouleaux bientôt happé par un nuage de poudreuse qui prolonge la haie d’épines en haut du champ.