"Les moissons funèbres" est un récit sociologique composé de douloureux souvenirs. Jesmyn Ward grandit dans la campagne de Delisle, Mississipi. Comme les autres adolescents noirs de son quartier, elle fuit la misère et la pauvreté en se noyant dans les addictions. En quatre ans, elle voit cinq de ses proches mourir : accident, drogue, suicide, règlement de comptes… Tous sont victimes d’une société au racisme féroce et indifférente au sort de ses minorités. Elle se remémore la vie avec ses parents et cette sensation de fatalité que la jeunesse traîne derrière elle. Loin d’être un récit misérabiliste, "Les moissons funèbres" nous montre sans pudeur, par flash-back, le visage d’une société bien loin de l’"American Dream." Cette sombre chronique familiale rurale est aussi un acte d’accusation politique et engagé.

Laura McAllan rêvait d’une belle maison, pourtant elle se retrouve les pieds dans la boue. C’est la vie que lui offre son mari Henry lorsqu’il achète une ferme à Marietta pour cultiver le coton. Tout bascule le jour où deux soldats rentrent du front : Jamie, le frère d’Henry, et Ronsel, le fils des Jackson, une famille de métayers descendants d’esclaves. Tandis que Laura se sent renaître sous les yeux de Jamie, tout le village rappelle à Ronsel qu’ici il n’est qu’un noir. Hillary Jordan dresse le portrait d’une Amérique rurale, au cœur des terres du Sud encore imprégnées de racisme au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale. "Mississippi" est un roman choral où les points de vue s’affrontent, un roman qui vous transperce par sa force et sa justesse.

L’auteur n’est pas américain mais c’est pourtant au bord du Mississippi qu’il fait naître une amitié profonde entre un adolescent, Bill, et un vétéran de la Guerre du Vietnam, Jim Lamar. Ce dernier vient de rentrer à Standford, et autant le dire, la communauté ne se réjouit pas de ce retour. Il faut dire que l’homme a mis treize ans à rentrer, suffisamment de temps pour que tout le monde le pense disparu, y compris ses parents qui en sont morts. Suffisamment de temps aussi pour que les habitants pillent la ferme abandonnée des Lamar. Le jeune Bill, lui, se fiche de l’hostilité ambiante et Jim devient une sorte de père de substitution. C’est un roman très juste et assez bouleversant qui baigne dans l’atmosphère des bords du fleuve.

L’incontournable "Trilogie des Snopes" regroupe "Le Hameau", "La Ville" et "Le Domaine". Une trilogie que Faulkner a construite comme telle, peut-être même dès le milieu des années 20. Cependant, plus de quinze ans séparent la parution du premier et du deuxième volume. Ratliff est une figure essentielle de la trilogie, c'est un marchand ambulant, double discret de l’auteur. Et puis il y a les Snopes, bien sûr, et le comté fictif de Yoknapatawpha. Familles d’arrivistes petits-blancs, chez les méchants Snopes c’est magouilles en tous genres dans ce Sud de la Guerre de Sécession à la Deuxième Guerre Mondiale. Petit plus : un dictionnaire à la fin du volume recense tous les personnages des Snopes qui réapparaissent dans d’autres nouvelles ou romans de Faulkner.

C’est comme si "Coucher de soleil" était l’œuvre originelle d’où émerge un territoire imaginaire, le comté de Yoknapatawpha, et naissent les romans qui feront le succès de William Faulkner : "Le bruit et la fureur", "Tandis que j’agonise", "Absalon, Absalon !", "Lumière d’août"... Ce recueil de nouvelles de jeunesse, tantôt amusantes, tantôt dramatiques, sont de brefs portraits de gens ordinaires et de marginaux, idéales pour découvrir son univers. Avec une remarquable économie de moyens, il croque simplement le quotidien et les rêves d’anonymes dont les trajectoires font écho à certains épisodes et figures bibliques. Un court livre qui concentre tous les thèmes chers à Faulkner.