Il est rare que j'aime un roman et que j'aie du mal à écrire un billet mais c'est le cas. Ce n'est pas tant l'histoire que les personnages et surtout l'écriture que je n'imagine même plus lire en français tant le charme de sa langue fut important pour moi. Mes deux bémols concernent la manière dont est ridiculisée Amelia, si sympathique et pourtant mal utilisée par Kate, je trouve. Et la fin qui m'a un peu frustrée. Si j'ai beaucoup aimé Jackson et sa relation à sa fille, mon personnage préféré fut Théo, brisé par la mort de sa fille mais qui continue à vivre tout de même.

On se glisse dans la société indienne avec délice même si Vikas Swarup est très critique à l'égard de son pays: criminalité, corruption, racisme, glorification de fausses idoles. Mais c'est surtout irrésistiblement drôle, avec des personnages à la fois attachants et hauts en couleurs, Larry Page, le texan, en tête. Emmanuel Deconinck n'y est pas pour rien, son interprétation de tous ces personnages est impressionnante et je sais déjà que je ne résisterai pas au Charly 9 qu'il a aussi interprété et qui sort bientôt. Voilà un magnifique exemple de réussite où un interprète génial donne vie à un texte savoureux.

J'ai beaucoup aimé ce premier tome car Gwendoline est attachante, tout comme sont attachants les deux fantômes qu'elle voit, mais surtout parce que les voyages entre les époques sont très bien menés. Certaines scènes, sans doute pas follement originales n'en sont pas moins irrésistibles, comme lorsque Gwendoline explique à un homme du XVIIIe siècle comment sera l'avenir et qu'elle lui montre son portable. Mais la couverture ne correspond pas du tout au contenu.

J'ai suivi le parcours réel et initiatique de cette jeune fille avec intérêt. J'ai aimé le début mais ai vraiment adoré certains passages en Espagne, surtout le début de sa quête. C'est un beau roman à offrir à une ado, ce que je vais d'ailleurs m'empresser de faire. On y parle d'amours et de sexe, de quête et de partage. Je regrette juste la scène finale qui, à mon avis, est trop mélodramatique. Le roman n'avait pas besoin de ce rebondissement.

Voici le roman d'un auteur très prometteur. Brando est américain d'origine mexicaine, comme son nom ne l'indique pas. Il dresse le portrait de la communauté mexicaine d'Echo Park, quartier de Los Angeles à travers les voix de neuf narrateurs et retrace l'histoire de ce quartier qui fut tour à tour territoire mexicain, colonisé par les "blancs" (j'ai du mal avec cette classification américaine qui n'inclut pas les hispaniques dans les blancs), réinvesti par les immigrés mexicains et peu à peu racheté par les bobos. Les histoires sont parfois loufoques mais surtout tragiques.On a parfois un peu de mal à se rappeler où on a déjà croisé la route de ce personnage qui devient notre nouveau narrateur mais c'est très bien construit et instructif, effrayant aussi. Les tensions ethniques sont extrêmement bien rendues: la haine du noir, la peur de l'asiatique qui grapille peu à peu du territoire. Pourtant, on sourit souvent. Et Brando Skyhorse joue avec les conventions, en nous fabriquant de toutes pièces une note de l'auteur à la fin du livre, qui n'a en fait rien de vrai. L'auteur joue aussi avec les doubles emplois: le Seigneur est aussi un homme dans ce roman, quant aux madones, elles sont à la fois la vierge Marie, toutes les mexicaines d'Echo Park et Madonna.