Autopsie pseudo- scientifique et surtout trés moqueuse d'une histoire sentimentale construite de toutes pièces par une jeune fille au profil abandonnique.
Si l'on sourit souvent devant les piéces à conviction, l'intérêt de ce roman rapide, avant -gardiste publié en 2013, réside , me semble t'il , outre sa forme mi-journalistique, mi littéraire,dans l'esquisse de ce qui deviendra son roman très construit de la rentrée littéraire de 2017:Summer. Et si, alors que le titre s'en défend, toute l'histoire avait justement quelque chose à voir, en profondeur, avec Monica Sabolo?

Jeunesse dorée et paresseuse flânant, insouciante, sur les rives du lac Léman, magnifiques jeunes filles riches et libres, créatures de rêve, au sourire lisse, et l'on pense à Rohmer, et son Genou de Claire…..
Pourtant, Summer est moins léger qu'il n'y paraît.

L'eau du lac, vive et cristalline comme une invitation au bonheur parfait, ou inquiétante et glauque, métaphore longuement filée de l'Inconscient , se faufile entre les mots, les images et les angoisses du narrateur, submergé.

Un livre, comme une aquarelle.
Beau travail littéraire trés maîtrisé. Le lecteur masqué s'incline respectueusement, et s'intéresse désormais au parcours de l'auteure .

Ecriture foisonnante et colorée de Tobie Nathan qui entr'ouvre les portes de l'Egypte et nous conte l'âme Moyen-orientale que notre pensée venue d'Occident , conquérante et rationnelle, peine tant à saisir. Multiplicité et richesse des croyances qui animent et nourrissent les êtres et les religions, et s'entremêlent nonchalamment en temps de paix. Puis en quête de pouvoir, s'entrechoquent tragiquement jusqu'à la barbarie.

Ce pays qui te ressemble dit aussi les souffrances des peuples humiliés par des décennies de colonialisme anglais , allemand, français, et invite à une réflexion sur les racines de la violence .Et l'on mesure, effaré, le chemin difficile qu'il nous reste à faire, à nous, Occidentaux, entre repentance et incompréhension culturelle pour rencontrer l Autre . Et réciproquement.

Le sujet est prometteur, mais le polar catalan est décevant .Trop superficiel il suggère peu d'empathie pour les personnages qui manquent franchement d'intériorité, et frisent la caricature.Les serviteurs sont trop serviles, les maîtresses héritières, des Maria pimbêches ,suffisantes et dominatrices, sexisme à l'envers,.Quant à l'enquêteur, qui se la joue Agatha Christie moins la finesse, il sent la poussière, et je le renvoie volontiers à ses cartons .

Critique un peu sévère, liée sans doute au plaisir à mes dernières lectures:
Sur, l'histoire Espagnole autour des mêmes années Franco, lisez plutôt,Javier Marias et son Si rude soit le début......
Et pour une enquête pétillante et jubilatoire, le dernier Fred Vargas:Quand sort la recluse

Je ne boude pas mon plaisir avec cette nouvelle enquête 2017, aussi effroyable qu'improbable.Fred Vargas joue avec nos vieilles peurs, entre cadavres et araignées -recluses sûrement velues...... et pourtant on rit souvent.
Des personnages dessinés à grands traits hâtifs, tous bien fêlés, ,mais attachants. Une équipe détonnante, à l'amitié rugueuse! Mine de rien, on s'attache à l'irascible Danglard et son petit vin blanc comme un Doudou, à l'herculéenne Violette, ( il fallait oser le prénom pour le personnage !) à la Boule, le chat de Camille- l – absente, transportée religieusement de photocopieuse en photocopieuse, comme si c'était Camille .Et surtout, à notre Adamsberg, flottant, indolent, lunaire, mais tellement charmant, traînant sa peau , sa poésie , et ses éclairs de génie sur les quais de Paris......
et donnant des framboises aux bébés merles.....

ah , nostalgie d'une garbure à partager avec ces gens -là....