Jean T.

https://lecturesdereves.wordpress.com/

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Éditions de L'Olivier

16,00
Conseillé par (Libraire)
27 novembre 2015

Ce roman nous transporte dans l'histoire de l'Algérie française en 1945 et dans une famille dont le fils, Jacob, est incorporé dans l'armée. Valérie Zenatti retrace la vie douloureuses des juifs d'Algérie qui ont été soldats pour la France, qui ont ensuite fui le FLN avant de quitter le pays pour venir en France. Ce sont des déracinés, car leur pays reste l'Algérie. Elle redonne vie à ce passé, à ses traditions, à la culture arabe de ces gens du petit peuple, des gens pauvres qui ont peu de culture.
Dans ce roman dont le héros est un jeune homme à qui on trouve plein de qualités, les femmes ont une place primordiale. Ce sont elles qui sont à la tâche, elles qui aiment, elles qui souffrent, elles qui se taisent devant les autres hommes. Et si Jacob est un héros, c'est parce qu'elles l'aiment, qu'elles le vénèrent, qu'elles l'entourent, qu'elles s'ennuient de son absence, et à la fin, qu'elles le regrettent. Jacob est tout à la fois le fils ou l'amoureux perdu, et le pays qu'ils ont dû abandonner.
Roman de femmes, donc, roman de guerre aussi avec tout ce cela comporte de violence contre l'ennemi et de fraternité dans le groupe.
Jacob Jacob est un beau, très beau roman, puissant, merveilleusement écrit. Et c'est un bel hommage à son aïeul.

7,90
Conseillé par (Libraire)
13 novembre 2015

Avant de lire ce récit, je croyais que les box des sites de stockage ne servaient qu'à abriter temporairement une partie ou la totalité d'un déménagement. Catherine Rollot a enquêté dans une entreprise de taille respectable, installée dans la banlieue parisienne. Elle nous fait découvrir que les usages de ces lieux sont bien plus diversifiés : abri pour une collection étouffante, cache pour des objets qu'on ne peut laisser chez soi, cave à vin, lieu de dépôt pour des professionnels, refuge pour les affaires des expulsés.... Les biens sont à l'abri dans ces lieux très sécurisés. Les usagers, qui peuvent y accéder à toute heure du jour et la nuit, y ont, pour certains, des habitudes.
Mais ces sites de stockages n'abritent pas que des objets, ils servent aussi d'écrins à des histoires de vie, de séparations et de déménagements, des histoires qui ne se concluent pas et trouvent dans ces lieux le moyen de se continuer encore.

Un texte qui s'insère bien dans l'esprit de la collection. Tout à fait étonnant et intéressant...

Raconter la vie

7,90
Conseillé par (Libraire)
5 novembre 2015

Portrait d'un homme complexe, certainement pas facile à vivre, un pêcheur qui se sent vivre lorsqu'il rencontre l'océan. Quelqu'un dont les qualités de cœur sont bien réelles, "un homme sur qui on peut toujours compter".
Ce récit est servi par la très belle et sensible écriture de Sylvie Caster qui fait, tout en douceur, le portait d'un homme à la vie rude.
Merci, donc, à Jean-Marie pour avoir accepté de se livrer à l'auteure. Et merci à Sylvie Caster pour le respect qu'elle lui porte. Le résultat est ce texte très poignant, touchant et beau.

Conseillé par (Libraire)
24 octobre 2015

Cette année, Amélie Nothomb publie l'histoire festive de l'invitation du Comte Neville à sa garden-party annuelle, qui comme les précédentes, sera parfaite, même si c'est la dernière puisque l'aristocrate est ruiné. Une voyante lui annonce qu'il assassinera un de ses invités. Sa fille décide qu'elle sera cette victime et supplie son père, "papa, il faut que tu me tues".
Le drame est annoncé, mais on hésite délicieusement à y croire, car on connaît la capacité d'imagination d'Amélie Nothomb, son goût pour les rebondissements loufoques. On sait aussi qu'elle aime réjouir son lecteur et, une fois de plus, elle y parvient parfaitement.

Conseillé par (Libraire)
10 octobre 2015

Des Manouches dans un camp

Paola Pigani sait ce qu'être étrangère. D'origine italienne, sa famille et elle étaient les seuls étrangers de leur village en Charente. Ils sont entrés en relation avec d'autres étrangers, les manouches qui venaient vendre leurs tissus. Puis son frère a épousé une Winterstein. Sa fille dont l'enfance a été nomade, lui a raconté la vie de sa grand-mère Alexienne, internée au camp des Alliers, près d'Angoulême.
Paola Pigani raconte la vie de ces Manouches qui ont été parqués, qu'on a obligé à vivre pendant plusieurs années et même après la fin de la Deuxième guerre, dans des baraquement insalubre, qui ont vu des détériorer leurs traditions, leurs savoirs. Elle raconte comment on leur a volé leur liberté et détruit leur honneur, et comment ils sont restés fiers et sauvages malgré tout.

Ne pas s'étonner de ce qu'il n'est pas si aisé d'entrer dans ce texte. "J’écris sur des silences, sur un lieu qui n’existe plus" dit l'auteur. C'est la vie dans un camp d'un peuple de voyageurs qui ne voyagent plus. Des disparus, en quelque sorte. Puis, peu à peu, on s'immerge dans la vie du camp.On commence à saisir ce qui fait l'âme de ce peuple de nomades. Et après la mort de sa mère, quand Alba prend sa dimension de femme, s'affirme, tient tête, mène librement sa vie, que la communauté retrouve la liberté et la fierté d'être nomade, le roman prend son ampleur et son unité. On comprend alors qu'on est depuis le début entré dans l'intimité de ces personnes, mais qu'elles végétaient dans le camp et que cela nous pesait, parce qu'elles ne peuvent vivre que libres.
"N'entre pas dans mon âme avec tes chaussures" est un beau texte poétique, qui honore le devoir de mémoire. C'est aussi un texte à lire alors que la question des nomades en Europe continue de faire l'actualité et que resurgissent les pires fantasmes.