Terres d'Amérique
Joe, adolescent, est en quête de justice et de vengeance, refusant le silence et l'oubli après le viol de sa mère sur une réserve indienne du Dakota du Nord.Le droit des Blancs continue de prévaloir sur celui des Indiens. L'impunité est de rigueur.
De façon magistrale, avec élégance, Louise Erdrich donne à entendre des voix multiples dans la détresse et la possible reconstruction. Elle puise au sein des coutumes ancestrales qui perdurent encore, force, énergie et espérance. La lutte continue. Laissez ce roman s'emparer de vous.
Notre mère la Terre
Roman d'une beauté surprenante autour de la terre et de l'environnement. Plus qu'un ordinaire roman de paysannerie, Sanderling évoque les mutations climatiques et environnementales qui façonnent le travail quotidien de la terre. Lorsque la terre ne donne plus et que les intempéries se déchaînent, l'humilité et la solidarité s'installent. Et si les hommes réapprenaient à vivre différemment et simplement, réunis dans une même urgence de survie face aux calamités naturelles ? Simplement somptueux et bouleversant.
Judicieusement fantasque
Grande farce sociale, ce roman est audacieux, troublant et tragiquement drôle. A l'instar de José Saramago, grand romancier portugais et Prix Nobel de littérature, l'auteur use d'une narration inhabituelle, sans grande rupture, à peine ponctuée qui offre au lecteur un intense plaisir de lecture.
C'est subtil, grinçant, judicieusement fantasque.
Silence blessé
Aborder un nouveau roman d'Eric Pessan, c'est pénétrer chaque fois davantage au cœur d'une solitude enfouie et tenace. Il traque les solitudes, les volontés d'effacement du monde, les silences endurcis. Muette est secrète. Muette est murée dans son silence. Les autres ont construit sans le savoir son enfer et la confinent dans son silence blessé. Mais muette veut vivre, essayer encore un peu, alors elle, elle s'échappe.
Avec poésie et douceur, Eric Pessan aborde le difficile passage à l'adolescence, prégnante de souffrances intérieures et de maltraitance orale et latente. Il élabore et constate la difficulté d'être, thème récurrent de ses romans, avec une douce mélancolie.
Au-delà de l'imaginable
Kinderzimmer désigne la chambre des enfants dans les camps de concentration et d'extermination nazis. Un mouroir où naissent les enfants des déportées. Avec exactitude, avec une exigence linguistique rare, Valentine Goby poursuit son beau travail d'écriture sur les corps féminins, dans la douleur et la tragédie de l'enfantement, dans la solitude des corps meurtris et défaits au sein de la machine infernale à tuer. Ce roman est digne de figurer aux côtés des textes de Robert Antelme ou d'Imre Kertesz. Lisez-le sans désespérance ni appréhension. Une nouvelle voix de romancière s'élève et vous transporte au-delà de l'imaginable et c'en est douloureusement et effroyablement beau.