sandrine57

Lectrice compulsive d'une quarantaine d'années, mère au foyer.

raviolis et bouchées vapeur

Marabout

Conseillé par
19 mars 2014

Petits, jolis, légers et goûteux, les raviolis chinois sont aussi faciles à réaliser soi-même. Une fois intégrée la recette de la pâte à base de farine de riz et d'eau, il suffit de farcir selon ses goûts : boeuf, porc, crevette, poisson,légumes, etc.
Les recettes, bien expliquées, ne nécessitent pas d'ingrédients extravagants. Rien qui ne soit inaccessible pour peu qu'on fréquente un supermarché pourvu d'un rayon "cuisine exotique" : sauce soja, sauce nuoc mâm, huile de sésame ou lait de coco, entre autres.
Ensuite, il faut se laisser guider par ses envies : raviolis aux crevettes et gingembre confit ou dim sum au canard fumé et aux aubergines épicées pour les recettes salées; tang yan au sésame noir et lait de coco, tang yuan praline et caramel au beurre salé pour les desserts.
Un plaisir pour les yeux avant de devenir un régal pour les papilles !

Conseillé par
8 mars 2014

Elle a tout pour être heureuse : un mari beau et aimant, deux enfants en plaine santé, un bel appartement, un travail plaisant. Elle a tout pour être heureuse et pourtant...Sous le vernis de la femme épanouie se terrent une soeur effondrée par le suicide de son frère, une fille toujours en recherche de l'approbation maternelle, une mère parfois démunie devant sa fille. Ces fêlures vont se déclarer au grand jour quand sa mère, journaliste, meurt soudainement dans un accident d'hélicoptère au fin fond de la Sibérie. Là, elle perd pied, sombre dans une profonde dépression et doit fuir sa famille dont elle ne pet plus s'occuper. Le hasard la conduit au Chambon-sur-Lignon, village protestant des Cévennes, connu pour avoir accueilli des centaines d'enfants juifs pendant la guerre, où son père a des attaches et où, comme elle va le découvrir, sa mère a passé une partie de son enfance.

Il faut vraiment avoir un coeur de pierre pour ne pas être touché par la détresse de cette femme qui s'effondre après le décès de sa mère. Et pourtant...Parfois les gens qui ont tout et qui trouvent le moyen d'être malheureux, et bien..ça agace ! Perdre sa mère est bien sûr un évènement douloureux, voire traumatisant, mais la narratrice n'est plus une enfant, bon sang ! Elle est épaulée par un époux (appelé "L'homme" de façon aussi ridicule qu'énervante) présent et concerné, elle a deux enfants très jeunes dont elle doit s'occuper, alors pourquoi une réaction aussi extrême ? Peut-être parce qu'elle n'en avait pas fini avec cette mère dont elle se dit très proche et dont elle guettait encore et toujours l'approbation mais qui, au fil du récit, semble légèrement cyclothymique. Les agissements de cette mère s'expliquent d'ailleurs par le poids d'un secret qu'elle traîne depuis l'enfance. C'est ce que découvre la narratrice lors de son séjour dans les Cévennes. Une histoire qu'Ariane BOIS amène de façon maladroite en expliquant par un heureux hasard le choix de la destination de son héroïne et sa rencontre avec un kiné qui se trouve être le fils d'une vieille dame qui a connu sa mère. Au passage, elle ajoute une inutile et incompréhensible liaison avec ledit kiné. Tout cela semble artificiel et doit vouloir introduire l'évocation du Chambon-sur-Lignon, village des Cévennes dont les habitants n'ont pas craint de défier les nazis durant la deuxième guerre mondiale. Cette partie est d'ailleurs très intéressante et enrichissante et sauve le livre du naufrage.
Ariane BOIS a-t-elle crée ses personnages de toutes pièces ou s'est-elle inspirée de sa propre histoire? Auquel cas, ce récit auto-centré ne serait que l'indécent étalage de ses sentiments les plus intimes et les moins glorieux...A priori, c'est un roman, prenons-le comme tel même si la question peut se poser. Alors ceux qui ont suffisamment d'empathie pour supporter la crise existentielle d'une femme égoïste et immature seront touchés par cette descente aux enfers décortiquées dans ses moindres détails, les autres subiront les plaintes et gémissements, l'éternel secret de famille, les coïncidences bienvenues et le style parfois un brin grandiloquent.

Le Poids des secrets

1

Actes Sud

7,10
Conseillé par
7 mars 2014

C'est juste avant sa mort que Yukiko accepte pour la première fois de parler d' un douloureux sujet : la bombe qui a ravagé Nagasaki le 9 août 1945, détruisant la ville et tuant son père. Mais c'est après son décès qu'elle va révéler à sa fille, dans une lettre testament, ses drames les plus intimes et les secrets qui l'ont accompagné tout au long de sa vie.

C'est une histoire où l'amour et la mort sont intimement liés, un texte bref qui parle de l'égoïsme d'un homme, d'un adultère fatal et d'une complicité entre deux adolescents, de leur amour naissant mais impossible. Mais au-delà des secrets bien gardés, des dissimulations et des mensonges, c'est aussi une peinture de la famille japonaise dans la première moitié du XXè siècle. Le poids des convenances ne permet pas les mariages d'amour, on ne choisit pas son conjoint, on souscrit à l'opinion des parents et il faut beaucoup de courage et souvent une rupture avec la famille pour être maître de son propre destin amoureux. Certains l'ont, d'autres préfèrent se conformer à la volonté parentale. Et puis, il y a aussi l'ombre de Nagasaki qui plane sur cette histoire. Mais là encore, la pudeur et la dignité s'imposent. La terrible catastrophe est tue, la terreur et la douleur sont passées sous silence. Nulle haine, nul désir de vengeance mais l'acceptation de ce qui ne peut être changé.
Sobre et pudique, un roman tout en nuances qui conte les petites histoires d'une famille qui vit ses propres drames en parallèle des grands drames de la grande histoire. Beau, émouvant, puissant, à lire.

Conseillé par
7 mars 2014

1946, le Japon, vaincu, est occupé par les soldats américains. Démobilisé, Hisao prend le train pour rejoindre Hokkaido et sa fiancée Shigeko. Il y a dans sa valise, bien protégé par son caleçon de laine, un oeuf de jade qu'il compte offrir à celle qu'il ne connait pour l'instant qu'à travers des lettres échangées. Mais Hisao n'en a pas fini avec la guerre. Il est revenu de la terrible bataille de Peleliu des cauchemars plein la tête et une soif inextinguible dans la bouche. Ce désir de boire plus fort que tout l'a fait descendre du train, abandonnant la valise et le cadeau. Car quand Hisao a soif, il n'est plus qu'une bête prête à tout pour quelques gouttes d'eau, même lapées dans une flaque. Une fois sa soif momentanément étanchée, arrivent les regrets. Il faut courir le long de la voie ferrée jusqu'au terminus, vers cette valise et son précieux contenu, vers son avenir.

C'est dans une montagne qu'il a creusée jour et nuit jusqu'à ce qu'elle finisse par s'effondrer sur lui qu'Hisao a laissé son ami Takeshi, un ami qui partageait son temps, son labeur, sa peur, un ami qui avait le don d'écrire des chansons qu'il lui murmurait dans le creux de l'oreille avant qu'ils s'endorment, un ami mort sans eau, sans oxygène, écrasé par la montagne bombardée. Hisao a survécu amis son ami le hante toutes les nuits, lui et le soldat étranger qui lui a tendu sa gourde quand il a réussi à s'extraire de la montagne. Les cauchemars, la soif qui le taraude, il voudrait les laisser derrière lui et ne penser qu'à Shigeko sa future femme. Peut-être l'apaisement viendra-t-il de sa marche forcée, de ses rencontres avec d'autres laissés-pour-compte de cette guerre achevée dans le déshonneur...
Périple initiatique, L'homme qui avait soif est un roman âpre qui se lit la gorge sèche, avec l'impression de suffoquer à chaque page. Le récit d'une douloureuse errance, illuminée toutefois par le souvenir d'une amitié très forte et l'espoir de jours meilleurs. Un homme en souffrance dans un pays en souffrance, marqués tous deux par la défaite, par les morts trop nombreux, supportant le fardeau de celui qui doit réapprendre à vivre après le chaos.
Un roman triste, douloureux mais porteur d'espoir. Magnifique !

Olivier Lusetti

Fantasy.éditions.rcl

Conseillé par
4 mars 2014

Dans son monastère de l'Air et du Feu, Frère Compatissant mène une vie sereine, faite de prières et de soins aux malades, jusqu'au jour où arrive un étrange agonisant. Après de vaines tentatives pour le guérir, la terrible vérité s'impose : l'homme est possédé. Frère Compatissant doit alors procéder à un exorcisme, une pratique qui n'a plus cours depuis très longtemps. Le moine guérit son patient mais durant l'exorcisme, des faits étranges ont lieu. Frère Compatissant a reçu la visite d'une entité envoyée par la Mort. Dès lors, il devient Yingfù, l'Envoyé de la Mère Obscure, chargé de sauver le monde. Il s'initie aux arts martiaux, à la médecine et tente sans cesse de maîtriser une incantation à l'immense pouvoir de guérison. Ses essais le rendent aveugle et c'est donc privé d'un sens qu'il affronte l'attaque du monastère.

Enlevé, il est conduit à la cours du roi des Fils de la montagne qui se meurt. Là-bas, la princesse-guerrière Vivpière, enceinte, tente d'obtenir le titre de Général en chef, de s'emparer du trône et d'échapper à un mariage arrangé avec Déache, qui prétend devenir roi. Mais le dur combat qu'elle livre provoque une hémorragie mortelle et c'est donc de deux mourants qu'hérite Yingfù. Il les sauve mais encore une fois, le mal s'est invité dans le processus. Le roi, devenu fou, déclare la guerre à tous ses voisins et ordonne qu'on emmure Yingfù. Grâce à la force de son esprit, le moine échappe à une mort certaine mais doit se faire régicide pour sauver la paix...
Poétique et mystique cet "Envoyé des monarchies de l'Ombre" se déguste comme un livre sacré qui allierait croyances ancestrales, philosophie bouddhiste et récit fantastique. On y suit le parcours initiatique du très tourmenté Yingfù, orphelin arrivé très jeune au monastère et sujet à des crises de colère qui l'obligent à préférer la méditation à la compagnie des hommes. Né avec le don de guérir, il soigne ses semblables avec bonté et sincérité. Pourtant, il est différent comme l'a tout de site remarqué le Parfait, chef de sa communauté monacale. Ce n'est donc pas une surprise quand il est choisi pour être l'Envoyé, celui qui saura combattre et arrêter le Mal. Sage, pieux et mystique, Yingfù comprend, accepte et s'adapte à sa nouvelle condition même s'il sait que le chemin sera long et périlleux pour changer la marche du monde qui glisse inexorablement vers sa fin.
A lire pour le contexte historique qui entraîne le lecteur dans une Chine antique magnifiée, pour le dépaysement total et aussi pour la plume envoûtante d'Olivier LUSETTI dont l'écriture riche et complexe sait nous ouvrir les portes d'un univers méconnu mais passionnant.