sandrine57

Lectrice compulsive d'une quarantaine d'années, mère au foyer.

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9 mars 2013

Prévenue par sa soeur, Emmanuèle Bernheim se précipite à l'hôpital. Son père vient d'y être admis après un accident vasculaire cérébral. Il a 88 ans, il a déjà eu de graves soucis de santé, va-t-il encore une fois s'en sortir? Oui! Encore une fois, André, ce père fantasque et adoré a repris le dessus et a gagné le combat contre la mort. Mais il est diminué, dépendant, il ne se reconnait pas lui-même. Cet être qui peine à articuler, qui ne peut plus se servir de ses mains, qui ne contrôle plus ses organes, ce n'est pas lui et il ne s'imagine pas vivre ainsi le temps qu'il lui reste. C'est clair, il veut en finir et se tourne vers Emmanuèle pour qu'elle l'aide à mourir. Mais une fille peut-elle accepter une telle décision et y prendre part? Emmanuèle Bernheim raconte les quelques mois de colère, d'angoisse et de tristesse qu'elle a vécus avec sa soeur pour accompagner leur père dans son dernier combat.

Non Tout s'est bien passé n'est pas un énième livre sur l'euthanasie. Il ne s'agit pas ici d'augmenter la dose de morphine et de voir s'endormir pour toujours un être cher, en souffrance. C'est l'histoire d'un suicide assisté comme il s'en pratique dans certains pays, la Suisse en l'occurrence.
La première chose qui en ressort, c'est le profond amour et le grand respect d'Emmanuèle et Pascale pour leur père. Bien sûr, il est âgé et diminué physiquement mais il a toute sa tête, il est apte à prendre ses propres décisions et ses filles en tiennent compte. Même si elles ont du mal à accepter cette fin programmée, aucune ne cherche à le dissuader ou à décider à sa place, comme c'est trop souvent le cas avec les personnes âgées qu'on a souvent tendance à infantiliser.
Ensuite, bien sûr, il y a le récit fort et bouleversant de ce qui paraît être un parcours du combattant, de l'acceptation à la réalisation. Les filles sont partagées entre la tristesse de perdre leur père et l'espoir qu'il change d'avis. Mais elles restent aux côtés de ce père tellement amoureux de la vie qu'il a choisi de la quitter pour ne pas la vivre à moitié. Et c'est un sacré personnage que cet André Bernheim! Aimant mais maladroit, égoïste parfois, ronchon à l'occasion, drôle souvent, et surtout très décidé. Rien d'étonnant à ce que ses filles lui soient très attachées et qu'elles l'accompagnent et l'aident pour l'acte ultime d'une vie bien remplie.
Touchante, sans jamais être larmoyante, Emmanuèle BERNHEIM décrit cette fin de vie avec beaucoup de simplicité et de lucidité. Un très beau témoignage qui pourra éclairer et guider ceux qui sont confrontés à un cas similaire.

15,00
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7 mars 2013

Il a 40 ans, il est agent immobilier, il est divorcé et remarié, il a deux enfants. Elevé par des parents baba-cool, purs produits de mai 68, il tente de s'éloigner le plus possible de ce modèle d'éducation et d'être un père présent; ce qui ne l'empêche pas d'être dépassé par les fugues de son aîné et les caprices de sa cadette. C'est que ce n'est pas si évident d'être un bon père, ni un bon mari d'ailleurs, surtout quand on a toujours envie de séduire et qu'on n'a pas encore fait le deuil des folles années de sa jeunesse.

Une succession de tranches de vie, parfois drôles, parfois tendres, souvent pathétiques, qui se lisent sans déplaisir mais sans non plus susciter un réel intérêt. Des thèmes légers, comme les soirées arrosées entre amis, la découverte de la franc-maçonnerie succèdent à des thèmes plus grave, la vie, l'amour, la mort, la vieillesse mais l'ensemble est plutôt décousu et le narrateur est plus agaçant que touchant.
Une lecture à réserver à un moment où l'on a envie de se reposer la tête. Cela se lit très vite et cela s'oubliera encore plus vite.

16,90
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6 mars 2013

En 2003, Marc Beltra a 20 ans. Il est jeune, il est beau, il est étudiant à l'université de Bogota. Heureux à l'idée de découvrir un nouveau pays, il profite des grandes vacances (novembre / décembre) pour organiser un périple en Amazonie. Ce qu'il aime, c'est multiplier les expériences, rencontrer les gens, se mêler aux autochtones. Il arrive début décembre à Leticia, une petite ville colombienne, frontalière du Pérou et du Brésil pour une virée sur le rio Javari à la rencontre des tribus indiennes qui peuplent les bords du cours d'eau. Il a prévu d'être de retour à Bogota le 15 décembre pour une fête entre amis. Mais il ne revient pas, sa trace se perd à Leticia. Ses amis s'inquiètent et préviennent sa mère. Immédiatement, elle se rend sur place avec son frère, sa fille et son ex-mari. Mais Marc est introuvable. Michel, son oncle, contacte l'avocat et écrivain Mathieu Simonet, pour ouvrir une instruction judiciaire en France. Commence alors un parcours du combattant pour intéresser les autorités à l'affaire, pour se mettre en rapport avec les autorités des trois pays concernés, pour tout simplement retrouver Marc. Françoise, sa mère, s'installe à Leticia, persuadée que son fils est toujours vivant et qu'il va finir par se manifester.
Dix ans après la disparition, Mathieu SIMONET publie ce livre qui raconte toute l'histoire telle qu'il l'a vécue et qui paraît le jour des 30 ans de Marc.

Des témoignages, des mails, des pensées, des questions, des hypothèses, des extraits du journal intime de la mère de Marc se mêlent dans un livre qui donne, a priori, une impression décousue de vaste fourre-tout. Et pourtant, quand on referme cet étrange ouvrage, on constate qu'il a laissé des traces : la dignité, l'espoir, les larmes parfois, d'une mère-courage et surtout la personnalité, la fougue, la joie de vivre, le sourire de Marc, présent à chaque ligne. Il en ressort aussi un puissant sentiment d'injustice, c'est si terrible pour une mère de ne pas savoir. Peut-être qu'en Colombie certains savent mais tout le monde se tait ou ment et le mystère reste entier et Françoise continue d'espérer, même quand le dossier est clos et que les enquêteurs concluent à la mort de Marc.
Une histoire bouleversante qui met le coeur en larmes.

Conseillé par
5 mars 2013

Le narrateur est un habitué des livres de commande, que ce soient des "autobiographies" de stars ou des essais politiques qu'il rédige à la place de ceux qui n'ont ni le temps ni le talent de réaliser leurs désirs d'écriture. Aussi quand son éditeur lui demande un nouveau livre, il n'hésite pas, appâté par des gains substantiels et encouragé par l'épais dossier, joint à la requête, lui évitant le fastidieux travail de recherche. Le voilà donc embarqué dans la vie de deux escrocs : Santo Alvarez de Vasconcelos et Thomas Klein. Le premier est journaliste, le second photographe mais aucun n'a percé dans sa profession. Lassés des piges et des fins de mois difficiles, les deux aventuriers décident un jour de profiter pleinement d'un système qui jusqu'ici les a nourris trop petitement. Désormais, ils se diront journalistes pour des magazines de tourisme et profiteront dans chaque pays des meilleures installations hôtelières contre la promesse d'un article dithyrambique, qui, bien sûr, ne paraîtra jamais. Invités dans tous les palaces de la planète, traités avec tous les égards, Vasconcelos et Klein snobent, exigent, abusent tant et si bien qu'ils finissent par éveiller les soupçons. Pourtant, ils s'en sortent toujours, changeant de noms et de pays, jusquà ce jour funeste où on les retrouve mort à Zanzibar, l'un noyé et dévoré par les poissons sur la plage, l'autre pendu au ventilateur dans sa villa. Meurtre? Suicide? L'écrivain enquête, cherche, interroge.

Flouer les agences de presse, gruger les tour-opérateurs, arnaquer les directeurs d'hôtel, mener une vie de pacha dans des hôtels de luxe, pourquoi pas? Si on en a l'idée et si on est suffisamment malin pour réussir son coup. Ce qui est dérangeant avec le tandem Klein-Vasconcelos, ce sont ces excès qui les rendent peu sympathiques : arrogance, destruction de chambres d'hôtel, exigences les plus folles,etc. Alors sont-ils des profiteurs éhontés ou suivent-ils un raisonnement réfléchi et politique pour prendre à une élite ce qui devrait être permis à tous? Paresseux ou anarchistes? Après tout, peu importe. Leurs tribulations et leurs personnalités en font des personnages agaçants et ce qui sauve de l'ennui, c'est le narrateur, son humour, son détachement, son auto-dérision. sans lui, on pourrait être tenté d'abandonner les deux olibrius à leur triste sort.
Un livre qui ne restera pas dans les mémoires.

nouvelles

Le Passage

14,00
Conseillé par
1 mars 2013

Qu'est-ce qu'un cabaret? Un endroit où l'on boit et l'on mange tout en profitant du spectacle.
C'est donc avec une coupe de champagne et quelques amuse-bouches (en vrai, un Earl grey et une tablette de Lindor, moins glamour, mais je suis une vieille fille...) que je m'installe pour découvrir le cabaret que propose Isabelle KAUFFMANN, avec d'autant plus de frissons que celui-ci est "sauvage", c'est-à-dire "atroce, barbare, bestial, féroce, indompté, violent" (selon mon dictionnaire).
Et j'en ai pris plein la vue au cours de ces neuf nouvelles où l'homme et l'animal se rencontrent, se lient, se mêlent, pour le meilleur et surtout pour le pire.
Car des deux, qui est le plus féroce, le plus bestial, le plus barbare? Le lion qui rêve de retrouver la savane ou la charmante petite fille qui veut faire un civet de ses amis lapins? La guenon amoureuse ou le journaliste qui traque une danseuse étoile?
Etonnantes car toujours à contre-pieds, ces nouvelles se savourent comme des contes de fées ou des poèmes qui auraient mal tournés. J'en ressors éblouie, époustouflée, comme après un excellent spectacle de cabaret où les numéros se succèdent, tous différents, tous époustouflants.

Un grand merci au club de lecteurs Dialogues croisés pour cette belle découverte.