sandrine57

Lectrice compulsive d'une quarantaine d'années, mère au foyer.

18,80
Conseillé par
18 février 2013

Contrainte par ses parents, Alice, 30 ans, assiste à la fête de fin d'été du Repos fleuri, la maison de retraite où sa grand-mère finit sa vie. Entre les chapeaux en crêpon, le tiramisu mou, les chansons de Michel Sardou et les pensionnaires décrépits, Alice étouffe et n'a qu'une idée : fuir vite et loin. Sous le coup d'une inexplicable impulsion, elle embarque dans sa fuite sa voisine de table, Alphonsine, 89 ans, qui se morfond dans ce mouroir déprimant. En cavale, elles s'apprivoisent, se racontent et se découvrent des points communs. De Loupiac à Marseille, Alice et Alphonsine, rebelles, révoltées, insoumises, s'offrent une parenthèse et revendiquent la liberté pour les femmes.


Drôle et acide, ce road movie nous entraîne dans les roues de deux amazones des temps modernes. Elles ont subi le joug de l'homme mais ne se sont pas résignées. L'une a trompé son notaire de mari, despotique, violeur à l'occasion, condescendant toujours. L'autre a tué son compagnon, à petits feux, le faisant glisser lentement vers la dépression. Alice la trentenaire borderline et Alphonsine la grand-mère indigne ne sont pas femmes à entrer dans le moule que la société voudrait leur imposer et c'est sans tendresse qu'elles jugent les hommes dominateurs et les femmes qui s'épanouissent dans une soumission béate. Belliqueuses et revanchardes, les deux fugitives poussent un cri de colère contre l'hégémonie masculine et prônent la liberté pour les femmes.
Un rythme trépidant, un humour caustique et deux personnages au caractère bien trempé font de ce roman un moment de lecture réjouissant, à déconseiller cependant aux fans de chanteurs sirupeux et aux machos arrogants.

Éditions de L'Olivier

12,00
Conseillé par
16 février 2013

Là-bas, dans une station balnéaire des Landes, Jacques essaie de se changer les idées en se promenant sur la plage où il a passé tant d'étés avec sa mère, cette mère qui lentement se laisse glisser vers la mort dans un hôpital parisien. Il revoit Marion qui fut sa femme avant qu'il ne la quitte pour "l'italienne".
Ici, à Paris, Jacques partage son temps entre le journal où il est correcteur et l'hôpital où il assiste à la lente agonie de sa mère. Un soir, il va boire un verre avec son collègue Denis dont il s'aperçoit qu'il ne ne sait presque rien
Ailleurs, à Hanoï, Jacques déambule dans les rues de la ville. Paris est loin, sa mère est morte, il peut se laisser aller à faire des "idioties", comme enfourcher une mobylette derrière une adolescente ivre et partir dans la nuit vers une plage inconnue.

Là-bas, ici, ailleurs, trois lieux, trois moments dans la vie d'un homme prisonnier de sa douleur mais qui n'a pas su toucher la lectrice un peu simplette que je suis. Le style minimaliste, les sentiments exprimés à demi-mots, les ellipses, ce sont sûrement là les marques de la "la voix d'un nouvel écrivain" comme le revendique la quatrième de couverture mais pour moi c'est juste du vide, du creux, du plat. Dire que je me suis ennuyée serait mentir, je n'en ai pas eu le temps, le roman est heureusement très court et j'étais comme anesthésiée par ma totale incompréhension de l'histoire, du personnage, des enjeux.
C'est peut-être un belle histoire, un roman fort mais je suis passée à côté d'une façon tellement énorme que je me pose des questions sur ma capacité intellectuelle à appréhender ce texte. Réservé à une élite ou convoquant une sensibilité dont je suis dépourvue, dans tous les cas, ce n'est pas un livre pour moi.

Merci tout de même à Caroline et au club de lecteurs Dialogues croisés.

Conseillé par
15 février 2013

Est-ce parce que sa mère est partie un jour sans se retourner? Est-ce parce qu'elle est métisse dans une Amérique volontiers raciste? Est-ce parce que l'école l'a enfermée entre ses murs et confrontée à l'échec? Est-ce sa nature profonde? C'est sans doute tout cela à la fois qui a fait mûrir et grandir la colère et la violence en Norina. Et cette violence, c'est avec ses poings qu'elle l'exprime...en défonçant la tête de Marilyn qui est tout ce qu'elle n'est pas : belle, blanche, bonne élève, aimée de tous, choyée par ses parents. Violence gratuite qui la mène tout droit en maison de redressement. Séparée pour la première fois d'un père qu'elle adore, Norina coupe finalement les ponts et découvre, grâce à un éducateur, que la violence qu'elle porte en elle peut être canalisée par le sport. Elle sera boxeuse professionnelle. Sur les rings, elle pourra lâcher la bête, rendre coup pour coup, régler ses comptes, triompher de tous ceux qui ne croyaient pas en elle. Découpeuse de poulets dans un abattoir puis serveuse dans un dinner, elle s'entraîne sans répit, travaille sans relâche, bien décidée à se faire un nom. Bien sûr, le parcours ne se fera pas sans heurts, la poisse a tendance à s'accrocher à ceux qui ne sont pas nés coiffés mais Norina s'accroche, fait son nid, construit sa vie, apprend à savourer les victoires et à encaisser les défaites.


C'est avec une aisance folle que François PRUNIER s'est glissé dans la peau d'une jeune boxeuse métisse dans l'Amérique des années 60. Il décrit un milieu inconnu des néophytes : la salle d'entraînement où l'on tape dans des sacs jusqu'au bout de ses forces, les vestiaires où l'on cherche en soi la force de se battre quelques minutes avant le combat, le ring où l'on jauge son adversaire, on le défie, parfois même on l'insulte, le sang, la sueur et les larmes. Il nous livre le récit brut et profondément humain d'une vie de femme qui a connu des hauts et bien des bas, qui a dû faire des concessions pour survivre dans un monde d'hommes. Elle a tout connu Norina, les insultes racistes, le mépris, la solitude, la concupiscence des hommes, la hargne de ses adversaires mais elle a su se battre contre elle-même et contre les autres pour vivre de sa passion. Et même si elle n'est pas devenue la grande boxeuse qu'espérait son entraîneur, elle a fait son bonhomme de chemin, connu des moments de gloire, trouvé l'amitié pour finalement s'apaiser dans la maternité. Norina a subi des épreuves, a fait des erreurs mais en est sorti grandie et plus forte.
Forte et fragile à la fois, insoumise, volontaire, un peu tête brûlée, Norina est une héroïne qui laisse une trace dans la mémoire et dans le coeur.

14,95
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14 février 2013

Un roman tiède.

Pierre et Morgan Grimaldi sont mariés depuis huit ans. Huit ans d'un bonheur sans nuages, huit ans d'une merveilleuse entente, huit ans d'amour. Tout s'écroule le jour où Pierre fouille, presque distraitement, le portable que sa femme a oublié avant de sortir faire une course. Il y découvre des messages sans équivoque et doit se rendre à l'évidence : sa femme le trompe. Incrédulité, déception, colère, jalousie, humiliation, les sentiments se bousculent chez cet homme confiant et amoureux comme au premier jour de cette femme qu'il découvre sous un jour nouveau. Pourtant Pierre choisit de se taire, d'attendre, de réfléchir, d'observer, d'espérer que, peut-être, son couple saura surmonter sans heurt cette trahison.

L'adultère, thème récurrent de la littérature, est ici abordé du point de vue de l'homme trompé. Philippe VILAIN explore les pensées, les tourments, les réflexions d'un homme trahi par une femme en qui il avait toute confiance. A la lumière de cette terrible découverte, il observe, analyse, décortique ses mots, ses attitudes, cherchant les signes de l'infidélité. Il se questionne aussi, essayant de trouver une explication. S'est--il trompé du tout au tout au sujet d'une femme avec laquelle il vit depuis huit ans, une femme qu'il aime, qu'il admire? A-t-il sa part de responsabilité? A-t-il failli?
Tout cela est joliment dit, finement analysé mais manque terriblement de saveur. On s'ennuie à décortiquer les états d'âme de cet expert-comptable un brin fadasse. Chacun exprime ses sentiments à sa manière mais le choix du silence, de l'attentisme dénote un manque de passion. Même si son amour bafoué et sa souffrance sont indéniables, on aurait aimé moins de maîtrise de soi, moins d'introspection et plus d'action! Un roman tiède.

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13 février 2013

Un livre à lire absolument

Paris, 2060. Tycho Mercier est un cinquantenaire plutôt heureux. Depuis son divorce, ce professeur d'histoire a la garde de son fils et il partage son temps entre ses cours à la Sorbonne, la rédaction d'un livre et l'éducation de Bruno. Spécialiste du XXè siècle et passionné par la seconde guerre mondiale, il a transmis le virus à son fils et tout deux vivent en bonne entente entre les ouvrages qu'ils dévorent et les musées et autres sites de combat qu'ils aiment à visiter. Entièrement dévoué à son fils et à ses étudiants, Tycho a délaissé sa vie sentimentale, tout juste s'il jette un regard concupiscent à la Marilyn de Bassompierre, le clone de son voisin, le notaire à la retraite. Parfaite reproduction de la star américaine, elle est bien tentante cette Marilyn mais Tycho n'irait jamais jusqu'à s'offrir un clone, gadget bien au-dessus de ses moyens et pour lequel il n'éprouve que peu d'intérêt. Pourtant, un hasard de circonstances va le placer dans une bien délicate situation. En rentrant du travail, il trouve Bruno en compagnie d'un clone dans son salon! Et pas n'importe quel clone!

Même si la caractéristique petite moustache a été rasée, le doute n'est pas permis: c'est bien Adolf Hitler qui est assis dans son fauteuil! Partagé entre dégoût, effroi mais aussi curiosité, Tycho se raisonne, ce modèle est prohibé, il faut s'en débarrasser! Mais la chose s'avère plus compliquée que prévu. Complètement dépassé, Tycho garde son A.H.6, rebaptisé Dolfi, bientôt rejoint par une Marilyn en plein désarroi après l'AVC de son propriétaire. Il est loin de se douter que c'est là le début d'une longue et tumultueuse aventure....

Les clones sont-ils des êtres humains comme les autres? C'est la question à laquelle se confronte Tycho Mercier le narrateur de cette histoire. Crées pour servir l'homme, élevés pour obéir, dépourvus d'opinion et de volonté propres, ils n'en ont pas moins apparence humaine et peut-être même éprouvent-ils des sentiments. Victime de son apparence qui renvoie aux pires heures de l'Histoire, l'A.H.6 est pourtant innocent des méfaits de son original. Dans les faits il est difficile d'associer cet être effacé qui tond le gazon et taille les haies sans broncher, qui se délecte d'un bol de chocolat chaud avec le Führer qui fit trembler le monde... Mais que deviendrait-il s'il tombait entre les mains d'un nostalgique du IIIè Reich?
Roman d'anticipation certes, Dolfi et Marilyn frappe surtout par son réalisme. La France de 2060 n'est pas très différente de celle de 2013. Les voitures électriques se sont généralisées, réchauffement climatique oblige. Des pays cèdent parfois un petit morceau du territoire national à un riche homme d'affaires, histoire de renflouer les caisses de l'Etat, crise oblige. Mais finalement, la vraie différence réside surtout dans l'apparition des clones. Et cela, c'est pour demain, peut-être même aujourd'hui...
Menée tambour battant, l'aventure extravagante de Tycho Mercier fait froid dans le dos quand on imagine qu'elle pourrait se produire vraiment mais ne tombe pas dans l'alarmisme, sauvée par une forte dose d'humour corrosif.
Un livre qui sort des sentiers battus, qui émeut, qui interroge, qui divertit, bref un livre à lire absolument.